CORÉE DU NORD - Actualité (1990-1996)

CORÉE DU NORD - Actualité (1990-1996)
CORÉE DU NORD - Actualité (1990-1996) P align=center

République populaire démocratique de Corée

Politique intérieure et vie économique

En 1991, le régime de quasi-autarcie imposé par le dictateur Kim Il-Sung, «le grand dirigeant», rend le pays particulièrement vulnérable à la forte contraction de l’aide fournie par l’Union soviétique et la Chine. Des émeutes de la faim se produisent dans plusieurs villes en octobre. La faillite économique du régime et l’isolement diplomatique croissant contraignent le pays à se rapprocher de la Corée du Sud. Les échanges commerciaux entre les 2 Corées portent sur 192 millions de dollars, contre seulement 25 millions l’année précédente.

En mai 1992, une première brèche est ouverte dans le système communiste, grâce à une modification de la Constitution, permettant l’accès à la propriété privée et au profit. Un accord de principe est conclu en juillet avec la Corée du Sud sur la garantie de leurs investissements mutuels et l’établissement d’un cadre de coopération économique. L’intérêt, pour les entreprises sud-coréennes, est que les salaires sont 11 fois moins élevés dans le Nord que dans leur pays.

Le 20 octobre, la Corée du Nord s’engage plus résolument sur la voie de l’ouverture en annonçant que les entreprises étrangères seront autorisées à créer des filiales en pleine propriété dans des zones économiques spéciales, dans les ports de Sonbong et de Najin. La Chine, après l’Union soviétique en 1990, facture désormais ses livraisons en devises convertibles.

En 1993, devant l’échec de sa politique du juche , c’est-à-dire d’autosuffisance, le régime du président Kim Il-Sung s’efforce d’attirer les capitaux étrangers. Mais son intransigeance dans le domaine nucléaire le prive de concours extérieurs. Le pays a procédé, en outre, au premier essai, réussi, de son missile Rodong-I, capable de porter une charge nucléaire jusqu’au Japon. Les autorités admettent, le 8 décembre, l’échec du IIIe plan de 7 ans (1987-1993). Fait sans précédent, elles décident de donner la priorité au développement de l’agriculture, à l’industrie légère et aux échanges extérieurs, et non plus à l’industrie lourde.

Le 8 juillet 1994, le maréchal-président Kim Il-Sung meurt à Pyongyang à l’âge de 82 ans. À l’occasion de ses funérailles, les représentants de l’État, du parti et de l’armée déclarent reconnaître comme successeur son fils Kim Jong-Il, qui n’est toutefois pas officiellement intronisé.

Le 16 février 1995, l’anniversaire de Kim Jong-Il est proclamé «la plus grande fête du pays», mais le fils du «grand dirigeant» n’est toujours pas nommé à la tête du parti ni de l’État.

En 1996, la situation économique du pays, encore aggravée par les inondations de l’été, continue à se dégrader. La Corée du Nord reconnaît l’échec de son IIIe plan quinquennal et, pour la première fois de son histoire, requiert le secours de l’aide internationale. En septembre, signe de la timide volonté d’ouverture du pays, une réunion organisée sous l’égide de l’O.N.U. aboutit à l’annonce, par des entrepreneurs de Hong Kong, de Taïwan et de Thaïlande, de 840 millions de dollars de projets d’investissement dans la zone d’économie spéciale de la région de Najin-Sonbong.

Relations internationales

Du 4 au 7 septembre 1990, Yon Hyong-Muk, Premier ministre, se rend à Séoul pour y rencontrer son homologue sud-coréen, Kang Young-Hoon. C’est la première visite de ce niveau depuis 40 ans. Yon Hyong-Muk réitère les 3 conditions mises à la poursuite du dialogue: l’entrée aux Nations unies, la suspension des exercices militaires américano - sud-coréens et la libération des personnes emprisonnées pour s’être rendues en Corée du Nord.

Le 17 septembre 1991, les 2 Corées sont admises à l’O.N.U.

Le 13 décembre, à Séoul, les Premiers ministres de Corée du Sud et de Corée du Nord signent un pacte de «réconciliation»: il prévoit des négociations en vue de la signature d’un traité de paix qui mettrait fin à 46 ans de division de la péninsule coréenne, déchirée par la guerre qui dura de 1950 à 1953. Il intervient au moment où l’isolement du régime nord-coréen est à son comble, du fait de l’effondrement de l’U.R.S.S. et du rapprochement sino - sud-coréen. Le 31, des représentants des 2 pays signent un accord de principe sur la dénucléarisation de la péninsule. Le texte prévoit d’interdire la détention de l’arme nucléaire, que Pyongyang est soupçonné développer.

Le 19 juillet 1993, Washington et Pyongyang parviennent à un accord, à Genève, qui prévoit l’inspection de 2 sites nucléaires par l’A.I.E.A., l’ouverture de négociations avec Séoul sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne et la transformation de la filière nucléaire en vue d’en limiter l’utilisation à des objectifs civils. La Corée du Nord avait annoncé son retrait du traité de non-prolifération nucléaire en mars à la suite des demandes d’inspections de l’A.I.E.A., avant de suspendre ce retrait en juin, au terme de négociations avec les Américains.

Le 4 février 1994, 4 des 5 membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies – les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et la Russie – menacent la Corée du Nord d’engager une procédure visant à lui appliquer des sanctions économiques si celle-ci n’autorise pas, avant le 21, l’A.I.E.A. à inspecter ses sites nucléaires. Le 26, la Corée du Nord et les États-Unis parviennent à un accord sur l’inspection de 7 sites nucléaires nord-coréens.

Le 15 mars, les experts de l’A.I.E.A. déclarent avoir été victimes d’obstructions. Washington remet en cause la reprise annoncée des négociations avec Pyongyang à Genève, et Séoul ajourne la suspension des manœuvres militaires conjointes avec les États-Unis. De son côté, la Corée du Nord se dit prête à «répondre à la guerre par la guerre». Le 21, le président américain Bill Clinton annonce le déploiement, dans les 45 jours, de missiles antimissiles Patriot en Corée du Sud où sont stationnés 37 000 soldats américains. La Corée du Nord déclare qu’elle considérera ce déploiement comme une agression. Le 31, le Conseil de sécurité de l’O.N.U. adopte à l’unanimité une déclaration peu contraignante qui demande simplement à la Corée du Nord de permettre aux experts de l’A.I.E.A. d’achever leurs inspections. Ce texte résulte d’un compromis entre la Chine, alliée de la Corée du Nord, et les États-Unis.

Le 2 juin, l’A.I.E.A. remet à l’O.N.U. un rapport affirmant que ses experts ne sont pas en mesure d’assurer leur mission de surveillance en Corée du Nord. Ce rapport doit ouvrir le processus de sanctions internationales à l’encontre de Pyongyang, mais Moscou et Pékin y sont opposés. Le 13, la Corée du Nord annonce son retrait de l’A.I.E.A. qui a mis fin à sa mission d’assistance technique le 10.

Le 16 juin, l’ancien président américain Jimmy Carter, en visite «privée» à Pyongyang, négocie avec Kim Il-Sung les conditions d’une reprise du dialogue avec la communauté internationale. La tension s’apaise et les experts de l’A.I.E.A. sont autorisés à reprendre leur travail. Le 18, Kim Il-Sung accepte la proposition de Jimmy Carter de rencontrer son homologue sud-coréen. Fixée au 25 juillet, la rencontre est remise en cause par la mort du président nord-coréen, le 8 juillet.

Le 21 octobre, Washington et Pyongyang signent un accord visant à normaliser leurs relations. La Corée du Nord accepte de geler son programme nucléaire en échange d’une aide américaine en vue de se doter de la filière électro-nucléaire à eau légère, qui ne permet pas de détournement de combustible à des fins militaires. Les inspections des experts internationaux sont repoussées de 5 ans. L’accord prévoit des livraisons gratuites de pétrole. Des bureaux de liaison doivent être réciproquement ouverts dans les capitales américaine et nord-coréenne.

Le 17 décembre, un hélicoptère militaire américain est abattu au nord de la ligne de démarcation entre les 2 Corées. Un pilote est tué. Washington plaide l’erreur de navigation tandis que Pyongyang parle d’«espionnage». Le pilote survivant est libéré le 30.

Le 20 janvier 1995, Washington décide une levée partielle de l’embargo imposé à la Corée du Nord depuis 1950.

Au cours du même mois, le gouvernement nord-coréen décide d’autoriser les investissements étrangers dans le pays, dont l’économie connaît un fort déclin en raison, notamment, de l’isolement du régime depuis l’effondrement de l’U.R.S.S. Toutefois, l’absence d’infrastructures rebute les candidats.

Durant l’été, les intempéries provoquent une grave pénurie alimentaire qui nécessite de recourir à l’aide internationale.

Du 5 au 7 avril 1996, à la suite de déclarations belliqueuses de Pyongyang, des troupes nord-coréennes effectuent des incursions dans la zone démilitarisée située entre les 2 Corées, le long du 38e parallèle, violant ainsi l’accord d’armistice signé en juillet 1953 à Panmunjom. Le regain de tension entre les 2 pays est également illustré par l’échouage d’un sous-marin nord-coréen sur les côtes sud-coréennes, en septembre.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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